Le Hennuyer peine à retrouver ses automatismes au sein du peloton.
Après avoir retrouvé les pelotons en fin de saison dernière, dans quelques kermesses et à Binche-Tournai-Binche après avoir surmonté ses multiples fractures qu’il a subies au Tour de Rijke, Frédéric Amorison a enchaîné avec un bon hiver. De quoi entamer sur de bonnes bases sa onzième saison chez les pros. Mais le Hennuyer, engagé dans un énième come-back, peine à retrouver ses automatismes dans les pelotons.
“Quand on a été absent des courses pendant six mois, ce n’est pas évident de se retrouver au milieu de deux cents autres coureurs” , expliquait-il, hier, lors de la présentation de son équipe, Crédit Agricole-Euphony, au siège de la banque, à Anderlecht.” Je l’ai senti lors des premières courses, à la Marseillaise et à Bessèges. En course, dans un peloton, cela va vite. Et pour faire ce métier, il ne faut pas trop réfléchir. Or, après ma chute de l’an dernier, je me suis mis à trop réfléchir, à me dire que dans tel virage, si le gars devant moi chute, il ne me sera pas possible de l’éviter…”
Si sa carrière a malheureusement été freinée par une poisse rare, Frédéric Amorison ne veut pas revivre ce qu’il a traversé depuis six mois, notamment au niveau de sa fracture de la mâchoire. “Et puis, j’ai bien conscience que pour le même prix, ma chute aurait pu être plus grave encore et quand on voit ce qui est arrivé à Wouter Weylandt, cela fait réfléchir…” poursuit le plus ancien coureur wallon en activité. “Ce n’est donc pas l’idéal pour le moment, j’ai encore trop peur de retomber . Mais dans ces conditions, sauf si tu prends l’échappée, c’est dur de briller. Pour prendre un exemple, à Bessèges, il y avait un virage à droite et on savait qu’on allait prendre le vent de côté, que cela allait bordurer. Tous les gars ont sprinté avant ce virage. Je ne l’ai pas fait, je me demandais même comment ils allaient tous passer… Résultat, je me suis retrouvé derrière, dans la septième ou huitième bordure …”
S’il reconnaît qu’il a pensé arrêter quand les douleurs étaient les plus fortes lors de sa convalescence, mais que l’envie l’a poussé à remonter sur son vélo et à retrouver un bon niveau. Il évoque aussi qu’il ne tient “pas à tirer sa misère dans les pelotons trop longtemps ”. Même s’il espère retrouver au plus vite un bon feeling en course. “Pour le moment, je ne peux rien prédire. Les sensations ne sont pas excellentes actuellement, il me faut encore un peu de temps. Mais il faut surtout que je parvienne à dompter ma crainte dans les pelotons. Mais c’est impossible de savoir combien de temps cela prendra.”
Pourtant, à bientôt 34 ans (il les fêtera ce jeudi), Fréderic Amorison sent qu’il a encore le potentiel pour briller. “J’ai encore montré à Waregem l’an dernier que je peux rivaliser avec les meilleurs” , termine celui qui se sent très bien au Crédit Agricole-Euphony, où il est fidèle depuis sept ans. “Je ne perds pas espoir, des coureurs ont bien gagné des classiques à 40 ans.”
Gérard Bulens, le manager de son équipe, confirme: “Il a le moteur pour remporter une grande course, il faut juste qu’il ait enfin plus de chance.”
de Julien Gillebert dans DH.be